Gars bisexuel et polysexuel, pair aidant et éducateur en sexualité

Réalisé avec le soutien du programme Champions communautaires de RÉZO

Ceci est une version censurée de l’article; elle contient quand même du langage cru par rapport au sexe. La version originale contenant des images sexuellement explicites se trouve ici .

Plusieurs personnes ont des relations amoureuses ou sexuelles qui dévient du script de « couche avec juste une personne, sois en amour avec juste une personne », ce qu’on appelle la monogamie. Bien que la majorité des personnes bisexuelles, polysexuelles ou pansexuelles (les personnes « bi+ », pour faire plus court) souhaitent des relations monogames, nous bâtissons plus souvent que les monosexuels (le monde qui n’est attiré que par un seul sexe ou genre) des relations qui sortent de ce moule [en anglais]. Parlons donc de non-monogamie consentante (aussi appelée non-monogamie éthique).

Note sur les pronoms et les genres que j’emploie : Garder le genre neutre en français est un crisse de chiard. Je vais alterner le genre des pronoms pour équilibrer le texte et mettre en évidence la diversité des genres des personnes avec lesquelles on peut sortir. J’utilise aussi une formulation « un-e chaud-e amant-e » pour les mêmes raisons.

Consentante, ça veut dire que tout le monde est d’accord

Tu peux avoir plusieurs partenaires sexuel-les, comme tu peux être en amour avec plusieurs personnes, le tout en même temps. C’est la vie que mènent beaucoup de gens, qui s’y épanouissent. Personne ne se fait « tromper », parce que ces gens discutent de ce qui se passe avec leurs partenaires, sont honnêtes quant à leurs besoins et font de leur mieux pour respecter chaque personne que ça touche. Donc, tout le monde est d’accord qu’il y ait d’autres gens dans le décor, avec le degré d’intimité de ces relations et le le rythme auquel elle progressent, puis avec la manière dont le monde se traite.

La communication est essentielle dans n’importe quelle relation et encore plus quand t’es non-monogame. Elle vous permet d’avoir au clair vos limites et vos attentes, de faire le point sur comment chaque personne se sent et de faire face aux moments difficiles. L’insécurité et la jalousie, ça arrive. Ce sont des émotions normales que tout le monde vit à un moment donné et il y a des manières saines de dealer avec : par l’introspection, en en parlant avec tes partenaires et en vous rassurant les un-es les autres quand c’est nécessaire (et quand ça l’est, c’est correct de demander d’être rassuré-e). Mais pratiquer la non-monogamie éthique, ça peut vouloir dire que voir un-e de nos partenaires tripper avec quelqu’un d’autre nous fait tripper aussi. C’est un sentiment qui s’appelle la compersion (du mot « compère »).

Il y a des gens qui ont eu honte toute leur vie d’être incapables d’être de bon-nes partenaires monogames. Ces personnes ont du désir pour d’autre monde et peuvent sauter d’une relation à une autre ou même « tromper » leur partenaire; tu te reconnais peut-être là-dedans. Un jour, ces gens apprennent que la non-monogamie consentante est possible et ça change tout.

Les gars bi+ et la non-monogamie

Plusieurs hommes bi+ entament une relation à long terme avec une femme quand ils sont jeunes, parfois dans l’espoir que ça va faire disparaître leurs attirances pour les gars ou que ça va leur donner une raison de ne jamais leur faire face. Des années plus tard, ils réalisent qu’ils n’ont jamais eu la chance de vraiment explorer leur sexualité. Ceci étant dit, plusieurs personnes monosexuelles se retrouvent dans une situation semblable quand elles se sont engagées jeunes dans une relation sexuellement exclusive : on n’a pas le monopole sur avoir envie de coucher avec toutes sortes de gens. Par contre, être bi, pan ou polysexuel teinte la situation. Ces gars peuvent avoir à faire leur coming out à leur conjointe et à entamer au même moment une conversation sur la possibilité de coucher avec d’autres hommes. Vu que la plupart du monde en connaît peu sur la non-monogamie consentante et qu’on nous a appris depuis l’enfance que supposément seule la monogamie est acceptable puis essentielle pour prouver notre amour à notre partenaire, ces conversations tournent souvent mal. Souvent, explorer notre sexualité avec d’autre monde est impossible parce que notre partenaire a besoin d’être monogame pour être bien dans la relation, comme c’est le cas pour la plupart des gens, et c’est correct. Pour d’autres cependant, c’est rassurant de découvrir ce que la non-monogamie éthique implique et les formes qu’elle peut prendre.

D’autres gars et personnes non-binaires ont eu un parcours – souvent par une identité polysexuelle, pansexuelle ou queer – où la norme était de rejeter l’hétéronormativité (le package deal de ce qui est « normal » tel que décidé par les hétéros). Beaucoup de monde voit la monogamie et l’exclusivité sexuelle – ou à tout le moins se conformer à celles-ci sans avoir examiné avec sérieux les autres possibilités – comme hétéronormatives. C’est donc courant pour ces gens de pratiquer la non-monogamie consentante (quoique que plusieurs préfèrent être monogames malgré tout). Mais même ces personnes queer et non-monogames doivent apprendre à quelque part comment ça fonctionne, vu que peu d’entre nous ont grandi avec des modèles sains de non-monogamie dans nos vies.

La non-monogamie, ce n’est pas la même chose pour tout le monde

La non-monogamie peut prendre toutes sortes de formes. C’est important de clarifier dès qu’on entame cette conversation ce qui est réellement sur la table. Après tout, ton partenaire pense peut-être que t’as envie de coucher avec du monde à droite et à gauche quand tout ce que tu veux, c’est pouvoir ramener un mec dans votre lit pour un trip à trois juste une fois. C’est plus facile de jaser de tout ça avec un peu de vocabulaire, donc voici quelques concepts-clés.

Monogamie en série : Pendant les premiers mois d’une relation, on se sent euphorique : on appelle ça l’énergie de la nouvelle relation (ENR). Certaines personnes ont de la misère au moment (normal) où le high passe et où la relation devient plus paisible. Elles rompent à ce moment et filent vers la prochaine personne excitante qui se pointe, ou bien elles restent dans la relation jusqu’à ce qu’elles développent un kick sur quelqu’un d’autre. Elles interprètent mal les nouveaux sentiments – et le changement de leur intensité – comme voulant dire qu’elles ne sont plus en amour avec leur partenaire actuel, vu que l’ENR est passée, et le laisse pour la nouvelle personne. On appelle ça la monogamie en série.

« Monogames ou presque » : Il y a des gens dont la relation est principalement monogame, mais avec quelques exceptions. Peut-être que c’est correct de necker avec du monde ou de les sexter, tant que ça ne va pas plus loin que ça. Peut-être que vous vous gâtez une fois de temps en temps avec un trip à trois sans attache. Mais en dehors de tout ça, vous êtes amoureusement et sexuellement exclusifs.

Relations ouvertes : C’est un terme qui couvre beaucoup de terrain : en général, ça veut dire que vous en êtes arrivé-es à une entente quelconque pour coucher avec d’autres personnes sans créer d’attachements amoureux. Des fois, c’est juste des trips à trois avec ta partenaire principale présente. D’autres fois, c’est avoir la permission de coucher avec d’autre monde tant que ton chum n’en entend pas parler. Pour certaines personnes, il y a peu de limites sur avec qui tu peux coucher si tu demandes la permission à ta partenaire habituelle en premier et que vous faites le point régulièrement sur vos sentiments.

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Polyamour : Le polyamour implique d’avoir plus d’un partenaire amoureux. Les relations polyamoureuses ne sont pas nécessairement ouvertes : parfois, le sexe n’est permis qu’avec des amant-es pré-établies et personne d’autre, ce qu’on appelle la polyfidélité. Souvent cependant, les relations polyamoureuses sont ouvertes sexuellement d’une manière ou d’une autre. Les relations poly ont toutes sortes de configurations : ton partenaire pourrait aussi être mon partenaire, ou pas, et la profondeur de chaque relation varie. Certaines personnes font une distinction entre des partenaires primaires et secondaires, d’autres rejettent la hiérarchisation des relations. Parfois ce sont des relations où il y a du sexe de groupe entre amant-es, d’autres fois ce sont des relations où ça ne se produit jamais. Quand tu n’es pas en relation amoureuse avec la partenaire de ta partenaire, on dit de cette personne qu’elle est ton métamour. Il y a des métamours qui vont te laisser tiède, mais ils deviennent souvent des amis et peuvent former une sorte de famille élargie. Un réseau de différent-es partenaires, on appelle ça un polycule (pense « molécule »).

Polyamour solo : Il y a du monde qui choisit d’avoir plusieurs partenaires, mais de rester libre des enchevêtrements comme emménager ensemble, fusionner les finances ou devenir partenaires de vie. Ces gens ont bel et bien des sentiments profonds envers leurs partenaires, mais choisissent aussi de garder leur autonomie.

Ceci est la plus simple des introductions à la non-monogamie consentante : il y a des livres entiers sur le sujet. Si ton partenaire et toi pensez ouvrir votre relation, je vous conseille de lire ensemble un bon livre sur le sujet, qui va aborder la plupart de vos peurs, déclencher des conversations importantes et vous fournir les outils dont vous aurez besoin pour éviter des pièges. Ça vous aidera à faire de la non-monogamie consentante la merveilleuse expérience qu’elle peut devenir. Voici quelques recommandations.

Livres

L’éthique des amours plurielles, de Dossie Easton et Janet W. Hardy (l’édition française antérieure s’appelait La salope éthique), est la version française du grand classique anglais sur la non-monogamie consentante : The Ethical Slut. C’est un manifeste pro-plaisir et pro-liberté dans les relations. Je l’adore et c’est une excellente ressource, mais il y a du monde qui préférera un livre moins subversif.

Le nouveau guide des amours plurielles, de Françoise Simpere.

Vertus du polyamour : La magie des amours multiples, d’Yves-Alexandre Thalmann.

Livres en anglais

Opening Up: A Guide to Creating and Sustaining Open Relationships, https://www.goodreads.com/book/show/1128665.Opening_Up de Tristan Taormino.  C’est le livre que je recommande aux gens (qui lisent l’anglais) qui pensent à ouvrir leur relation mais hésitent encore, ou bien qui ont décidé de se lancer et veulent en apprendre plus.

Stepping Off the Relationship Escalator: Uncommon Love and Life https://www.goodreads.com/book/show/34117681-stepping-off-the-relationship-escalator , d’Amy Gahran.

Forums de discussion

r/polyamory sur Reddit [en anglais]

r/nonmonogamy sur Reddit [en anglais]

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Nous lançons le forum francophone r/GarsBisur Reddit et une communauté de clavardage sur Discord pour les gars bisexuels, bicurieux, pansexuels, polysexuels ou qui se questionnent sur leur orientation. Les gars trans et/ou non-binaires sont les bienvenus. Viens-nous voir pour partager ton histoire, poser tes questions et faire connaissance! Ces espaces en ligne ne sont pas gérés par RÉZO.Cet article est sous licence Creative Commons avec les conditions suivantes : Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International