Selon les plus récentes statistiques disponibles, la tendance se poursuit au Québec : les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes portent encore le fardeau de 7 nouveaux diagnostics de VIH sur 10, année après année. La grande majorité d’entre eux sont des hommes GBTQ+, que RÉZO accompagne depuis 30 ans.

En cette Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA, nous pouvons difficilement fêter cette statistique, qui illustre encore en 2022 la stigmatisation de nos communautés, encore trop associées à un virus. Les visages de cette stigmatisation sont multiples, comme nous l’a rappelé la variole simienne, que nous avons, disons-le toutefois avec fierté, écrasée ces derniers mois par une mobilisation communautaire impressionnante et des partenariats efficaces.

RÉZO fête trois décennies d’ancrage à Montréal sur plusieurs enjeux : prévention du VIH et des ITSS, variole simienne, santé mentale, soutien au travail du sexe, recherche communautaire, campagnes de sensibilisation (racisme sexuel, consentement entre hommes, violences dans les relations, etc.)

Nous sommes Dur à Queer.

Malgré la persistance du VIH dans nos communautés, les gars GBTQ+ ont intériorisé dans leur quotidien, dans leurs réflexes, la présence de virus, d’ITSS et mis en place des bonnes pratiques : prendre des traitements (VIH et ITSS), la PrEP (traitement qui prévient le VIH), dépistages réguliers, ce qui a des impacts considérables sur la prévention du VIH et l’Intransmissibilité avec une charge virale Indétectable (I=I). Toutefois, pour toutes sortes de raisons à l’intersection d’une diversité de réalités, nos communautés demeurent encore les plus affectées, et de très loin. Près de 40% des nouveaux diagnostics de VIH sont chez les hommes de 15 à 45 ans. Régulièrement, des personnes nous témoignent de leurs parcours, de l’homophobie et de la transphobie qu’elles vivent, comment elles s’en sauvent, comment l’alcool ou la drogue interviennent dans leurs vies, comment le manque d’accès à des soins de base adaptés empire leur situation.

Nous sommes Dur à Queer et résistons.

En cette journée importante, nous souhaitons célébrer notre anniversaire avec un message fort, avec toutes nos personnes alliées et partenaires communautaires en exprimant tous les enjeux qui affectent directement ou indirectement notre lutte collective contre le VIH/sida :

  • Il faut être Dur à Queer pour se confronter à des services de soins de santé non adaptés aux personnes LGBTQ+
  • Il faut être Dur à Queer pour entendre encore et encore aux nouvelles des violences envers les personnes LGBTQ+ dans le monde, qui illustrent la haine de nos existences
  • Il faut être Dur à Queer pour attendre trois semaines pour un RDV de dépistage ITSS/VIH
  • Il faut être Dur à Queer pour vivre dans un pays qui criminalise le travail du sexe, l’usage et de la consommation de drogues et la non-divulgation du VIH sans se baser sur la science
  • Il faut être Dur à Queer pour vivre sans services de santé mentale adaptés pour les communautés LGBTQ+
  • Il faut être Dur à Queer pour payer nos antirétroviraux, PrEP ou traitement du VIH
  • Il faut être Dur à Queer pour manquer d’accès aux soins d’affirmation de genre, surtout pour les jeunes ou les personnes à statut précaire, et pour payer notre hormonothérapie
  • Il faut être Dur à Queer pour voir plus de police, et moins de budgets pour des services notamment en santé mentale par et pour et avec nos communautés
  • Il faut être Dur à Queer pour travailler dans un milieu communautaire sous-financé, alors que tous les partis politiques nomment l’importance du milieu, quand c’est utile.

Et vous, seriez-vous aussi Dur à Queer ?

Pour faire un don à RÉZO et soutenir l’organisme : rezosante.org et nous suivre sur les réseaux sociaux : @REZOsante.

RÉZO

Alexandre Dumont Blais, Directeur général