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Gars bisexuel et polysexuel, pair aidant et éducateur en sexualité Réalisé avec le soutien du programme Champions communautaires de RÉZO.

Ceci est une version censurée de l’article; elle contient quand même du langage cru par rapport au sexe. La version originale contenant plusieurs images sexuellement explicites se trouve ici

Quand j’ai lancé la version originale de la série, elle s’adressait aux gars dont l’expérience sexuelle était principalement avec des femmes cisgenres (cisgenre veut dire qu’une personne est d’accord avec le genre que le docteur lui a assigné à la naissance, par opposition à être transgenre). Avec le temps par contre, des gars bisexuels, pansexuels et polysexuels qui avaient été principalement avec d’autres gars cis (le raccourci pour cisgenre) ont commencé à me contacter. Ils avaient envie d’explorer le sexe avec une femme, un gars trans ou un-e partenaire non-binaire (plusieurs personnes savent dans leurs tripes que « gars » ou « fille » n’est pas pas ce qui marche pour elles), puis ils voulaient des conseils. Plusieurs personnes qui lisent la série sont aussi des gars trans ou non-binaires et aimeraient en savoir plus sur leur équipement. T’es peut-être un de ces situations dont j’ai parlées, ou bien tu n’as tout simplement pas beaucoup d’expérience sexuelle et tu te demandes comment ça marche, le sexe avec quelqu’un qui a une vulve ou un trou d’en avant. Si c’est ton cas…

Bienvenue à la première partie de quatre d’une série sur baiser avec des personnes qui détiennent un clito et un vagin. Cette première partie met la table en abordant quelques idées qui vont te mettre dans le bon état d’esprit pour devenir un partenaire en feu, ainsi que quelques préparatifs que tu devrais faire avant même de te retrouver au lit avec quelqu’un. La seconde va parler de toutes les parties l’fun du corps de quelqu’un qui a un clito. La troisième partie va couvrir toutes sortes d’actes sexuels que toi et un-e partenaire pourraient adorer. Enfin, la dernière va parler de fourrer (en bon vieux québécois sale).

Concernant les termes et le genre

T’as remarqué mes choix de mots : « quelqu’un avec un clito et un vagin », « trou d’en avant »… Bien que tu vas probablement utiliser l’information dans ce guide surtout avec des femmes cis, ce n’est pas tout le monde né avec ces parties qui est une femme. Plusieurs gars trans ont encore un « clitoris » et un « vagin », puis ne feront jamais de chirurgie d’affirmation de leur genre (une chirurgie dont le but est de faire ressembler le corps d’une personne non-binaire ou trans davantage au genre qu’elle sait avoir dans ses tripes) sur leurs parties sexuelles. Plusieurs personnes non-binaires sont aussi nées avec cet équipement. Les femmes trans qui ont fait une chirurgie d’affirmation de leur genre sur leurs organes génitaux peuvent elles aussi avoir un clitoris et un vagin : j’en parlerai. Ce guide s’applique donc au sexe impliquant qui que ce soit qui a cet équipement, peu importe son genre.

Plusieurs gars trans n’emploient pas les mots vulve, clitoris ou vagin (ou d’autres termes de rue pour ces parties sexuelles) parce que ça fait féminin. Ils parlent de leur « clito » comme étant leur graine et de leur « vagin » comme étant leur trou d’en avant ou leur trou bonus. Certaines personnes non-binaires n’aiment pas le vocabulaire féminin non plus. Néanmoins, il y a des gars trans et des personnes non-binaires qui sont à l’aise avec les termes classiques. Je vais donc faire alterner les termes « féminins » et des termes plus neutres comme « trou d’en avant » ou « canal » (en parlant de ce qui est le vagin pour plusieurs personnes).

Enfin, garder le genre neutre en français est un crisse de chiard. Je vais alterner le genre des pronoms pour équilibrer le texte et mettre en évidence la diversité des genres des personnes avec lesquelles on peut sortir. J’utilise aussi une formulation « un-e chaud-e amant-e » pour les mêmes raisons.

La règle d’or du sexe incroyable : communiquez!

Si t’es pour te souvenir juste d’une chose de cet article puis rien d’autre, ça devrait être : communiquez, communiquez, communiquez! C’est la clé pour avoir des baises vraiment hot pour tout le monde qui y participe. Deviens à l’aise avec l’idée de dire ce qui t’excite et ce que tu ne veux pas. Rends tes partenaires confortables d’exprimer la même chose : dis-leur que tu veux savoir ce qui marche pour eux et quand ce qui se passe ne fait pas leur affaire. Laisse leur aussi savoir que si elles veulent que vous ralentissiez, que vous changiez ce que vous faites ou que vous arrêtiez tout, tu vas respecter ça. Demande la permission avec d’essayer quelque chose de nouveau et sois clair qu’ils peuvent dire non. Assure-toi de voir des signes de consentement enthousiastes. Avec un peu de chance, vous pourrez vous entendre tou-tes les deux (ou trois, ou quatre…) sur un paquet choses sexy à faire ensemble, vous guider pour les faire de la façon qui donne les meilleures sensations et vous ne perdrez pas de temps sur des affaires qui sont moyennes pour l’un-e d’entre vous.

Il y a du monde qui n’aime pas ce degré de communication. « Parler gâche le mood » est une fausse idée coriace que les films d’Hollywood et la télé ont entretenue (et même si je n’aime pas l’admettre, la porn aussi). Mais tu sais ce qui gâche vraiment le mood? Quelqu’un qui te doigte et qui te fait mal parce tu fais du vaginisme, ou bien un-e amant-e qui insiste pour essayer des affaires que tu ne veux pas ou qui s’acharne à faire de la mauvaise manière quelque chose dont t’as envie. Personne ne lit dans les pensées non plus. Une bonne communication donne à tes partenaires et toi la chance de vous rendre directement aux choses que vous trouvez tou-tes chaudes et excitantes.


La communication est essentielle aussi quand toi ou une personne avec qui t’es se trouve à être non-binaire ou trans. Vous devez parler de ce qui cause de la dysphorie (troisième section de la page où mène le lien) et de ce qui n’en cause pas, puis de ce que vous préférez l’un-e et l’autre au lit. Vous pouvez aussi parler de quels mots sont corrects à utiliser pour vos parties sexuelles ou pour quand vous avez envie de parler cochon (si ça vous excite tou-tes les deux). Ça va aider à ce que tout le monde passe un aussi bon temps que possible et à minimiser le risque que quelque chose vire mal.

Vous parler de vos santés sexuelles sera aussi important à un moment donné : votre statut quant au VIH (le virus qui peut causer le sida); d’autres ITS (infections transmises sexuellement) qu’un-e d’entre vous pourrait avoir; comment vous vous protégez d’habitude pour différents actes sexuels; et à quand remonte vos derniers dépistages. Ce sont des informations intimes par contre que quelqu’un que tu viens juste de rencontrer – ou toi-même – pourrait ne pas vouloir révéler et c’est correct. C’est une conversation qui est importante cependant quand quelqu’un devient un-e amant-e sur une base régulière et que vous commencez à parler de relâcher vos pratiques de protection de vos santés sexuelles. Toi ou un-e de tes partenaires pourrai(en)t porter une infection sans le savoir étant donné que le VIH et la plupart des ITS peuvent n’avoir aucun symptôme, donc vous faire dépister ensemble aidera à tou-tes vous garder en santé.

Enfin, parlez de quelles méthodes de contraception vous utilisez quand l’un-e d’entre vous peux tomber enceint-e (les gars trans peuvent tomber enceints, en passant). Ne suppose jamais qu’un-e partenaire n’a pas d’ITS ou utilise un moyen de contraception juste parce que cette personne t’invite à baiser sans capote.

Donc, une bonne communication est la règle d’or du sexe. Ça va empêcher des choses désagréables de se produire et ça va tou-tes vous mettre sur la bonne voie pour du bon temps! Et en toute franchise, savoir bien communiquer va te donner un avantage comparé à beaucoup d’hommes hétérosexuels… lire l’article

Des rôles sexuels et des préférences

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La tête des gens est bourrée d’attentes hétéronormatives – des normes qui viennent de ce qu’on s’imagine être normal d’une personne hétérosexuelle typique – par rapport au sexe et ces attentes enferment plusieurs personnes dans certains rôles sexuels. C’est encore plus vrai quand tu couches avec quelqu’un qui n’est pas du même genre que toi ou qui n’a pas le même équipement sexuel. Tout d’abord, c’est fréquent que des gars bi, pan ou polysexuels aiment des choses différentes avec des personnes de genres différents. Par exemple, tu pourrais être un bottom (quelqu’un qui préfère être pénétré) avec les gars cis, mais être plus « dominant » avec des femmes cisgenres; plusieurs gars bi décrivent ça comme étant leur expérience. Néanmoins, ça reste important de ne pas laisser ton genre ou celui d’un-e partenaire – tout comme vos parties sexuelles respectives – dicter ce qui doit se passer au lit.

Ce n’est pas parce que quelqu’un a un trou du devant ou une chatte que cette personne doit être celle qui se prend une queue. Ce n’est pas parce que t’as une graine que tu dois être la personne qui pénètre non plus (en fait, certains gars cis n’aiment pas la pénétration et ressentent une pression de la faire, en particulier pendant du sexe homme/femme). Tu peux être un gars qui couche avec une fille et jouer au soumis. Tu peux être un mec trans qui tope (être celui qui pénètre) exclusivement ou qui n’aime se faire pénétrer que par des gens non-binaires ou des femmes. Tu peux être à fond dans le sexe oral sans être intéressé par la pénétration, mais ça pourrait changer avec un-e partenaire d’un genre différent. Peut-être qu’avec quelqu’un d’un certain genre, tu ne serais pas intéressé par le sexe génital, mais que t’adorerais jouer un rôle dans des scénarios kinky (pense BDSM). Ou t’es peut-être un power bottom (quelqu’un qui aime se la prendre vraiment intense) avec d’autres gars tout en rêvant de sexe doux et vanille (le contraire de kinky) dans la position du missionnaire avec une femme. C’est ta vie sexuelle. Tes partenaires et toi, ce sont vous qui décidez des règles : ce qui compte, c’est de passer des moments extraordinaires ensemble, peu importe les activités sexuelles que vous faites.

Certain-es partenaires vont être rebuté-es à l’idée que tu veuilles faire quelque chose qui va contre des attentes hétéronormatives et leur attitude peut glisser dans le terrain de la biphobie ou de la cisnormativité (la supposition par défaut que tout le monde est cisgenre et que les personnes non-binaires ou trans n’existent pas vraiment). Par exemple, certaines femmes cis vont penser que t’es « secrètement gai » quand tu va leur demander de te pegger (pénétrer quelqu’un avec un harnais et un dildo). Ou un-e partenaire va s’attendre à ce que tu te prennes la queue parce que t’as un trou du devant et cette personne va trouver ça weird que tu veuilles être le top. C’est difficile de composer avec ces situations. Parfois une conversation à cœur ouvert sur ces stéréotypes peut fonctionner, mais parfois ce-tte partenaire va juste boquer là-dessus. Ça fait mal quand t’es attaché émotivement à cette personne. D’un autre côté, plusieurs partenaires vont trouver que ton attitude est rafraîchissante en réalisant que t’as travaillé à passer par-dessus des idées hétéronormatives et cisnormatives, vu que celles-ci empêche beaucoup de monde de jouir d’une sexualité saine.

Ton point de vue est unique

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T’en apprends beaucoup en couchant avec quelqu’un qui n’a pas les même parties que toi. C’est une opportunité d’avoir des discussion intimes sur comment vos corps respectifs fonctionnent, tout comme sur ce que vous voulez et ne voulez pas quand vous baisez. Un bout excitant d’être un gars bisexuel, pansexuel ou polysexuel, c’est de pouvoir connaître le lien unique que crée le sexe avec un autre homme qui a un corps semblable au tien, mais de pouvoir aussi explorer avec des gens dont le genre et le corps pourraient être un terrain inconnu pour toi. Tu fais plus que juste l’expérience de chacune de ces différentes aventures : mises ensemble, elles te donnent un point de vue qui transforme le sexe que t’as avec chaque amant-e d’une manière que les monosexuel-les (les personnes attirées par un seul genre) ne connaîtront jamais. Comme on dit, le tout est plus grand que la somme de ses parties.

Comme tout bon scout, sois prêt

Sois préparé au sexe, que tu t’attendes à ce qu’il se produise ou non. En fait, c’est le sexe inattendu que tu devrais le plus planifier d’avance.

Garde tes parties sexuelles propres. La première fois qu’une femme m’a sucé, sa réaction a été : « Dieu merci, t’es propre! » Et d’après plusieurs gens, l’hygiène sexuelle est une problème courant chez les hommes. Donc, garde tes parties propres. Si t’as un pénis et des couilles, lave-les et retire ton prépuce (la peau qui couvre le gland si tu n’es pas circoncis) pour laver son intérieur et ton gland. Si c’est un trou du devant que t’as, lave bien entre les plis des petites et des grandes lèvres puis du capuchon de ta bitte; évite de doucher ton canal, c’est mauvais pour sa flore bactérienne. Laver ton anus et ta craque du derrière est une bonne idée aussi. Peu importe ton équipement, évite les produits forts – du savon doux ou même juste de l’eau suffisent (peut-être pas pour l’anus 😛 ) – et sèche bien tes parties génitales après t’être lavé. En cas de baise improviste et de doutes de ta part sur la propreté de ton équipement, dis que tu dois d’abord passer à la salle de bains. Lave tes parties dans le lavabo ou bien avec une débarbouillette ou une serviette de papier mouillée : c’est souvent suffisant.

Transporte sur toi en tout temps ta marque de condoms. Si c’est important pour toi d’utiliser des condoms quand tu baises, gardes-en avec toi même quand tu ne t’attends pas à te mettre. Souvent, plusieurs personnes qui tiennent à se protéger se retrouvent à baiser sans protection quand du sexe se produit à l’improviste et qu’il n’y a pas de capotes à portée de la main. Si t’as une queue, avoir tes propres condoms t’assure qu’ils seront d’une marque et d’une taille que tu trouves confortables. Les tailles varient d’une marque à l’autre (par exemple, les Durex sont beaucoup plus serrés que les Lifestyle) et beaucoup de gens ont des mauvaises expériences parce qu’ils pensent qu’ils peuvent juste porter n’importe quel condom. T’essaies des souliers avant de les acheter? Tu devrais aussi essayer une nouvelle marque ou taille de condoms en te crossant, avant d’avoir à les utiliser quand tu coucheras avec quelqu’un. Aussi, ne transporte pas de condoms dans ta poche, ton porte-feuille ou lousse dans un sac avec d’autres objets : la chaleur, de la pression, de la friction et des objets pointus sont mauvais pour eux. Un petit étui à cigarette d’un magasin du dollar a la taille parfaite pour transporter quelques condoms. Tu peux aussi avoir des digues dentaires ou des condoms à saveur comme protection pour le sexe oral  (pas de capote à saveur dans un vagin par contre, ça augmente le risque d’infection à levures) ainsi que des gants de latex ou de nitrile pour doigter ou faire du fisting (pénétrer avec la main au complet). Beaucoup de monde n’en utilise pas, mais certaines personnes se sentent plus en sécurité avec ces précautions, donc c’est courtois de demander si c’est ce qu’elles préfèrent.

Aie du lubrifiant à portée de la main. Même si les vagins s’auto-lubrifient, avoir du lubrifiant – un produit qu’on peut trouver dans un sex shop ou à la pharmacie qui sert à faire mieux glisser les choses durant de la pénétrationsur toi est une bonne idée (à base d’eau ou de silicone si t’utilises un condom, évite tout ce qui a une huile). Ce n’est pas tout le monde qui lubrifie facilement, alors ajouter un peu de lubrification peut aider beaucoup. C’est utile d’avoir du lube aussi quand un pénis plus gros que la moyenne est en jeu, quand quelqu’un essaie de faire entrer un plus grand jouet sexuel ou quand vous tentez votre chance à faire du fisting vaginal.

Source de l’image originale https://wilderness-society.org/nature-does-not-need-us-we-need-nature/

C’est tout pour la première partie! La prochaine fois, on parlera de toutes les parties coquines qu’une personne avec un clito pourrait partager avec toi.

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Nous lançons le forum francophone r/GarsBi sur Reddit et une communauté de clavardage sur Discord pour les gars bisexuels, bicurieux, pansexuels, polysexuels ou qui se questionnent sur leur orientation. Les gars trans et/ou non-binaires sont les bienvenus. Viens-nous voir pour partager ton histoire, poser tes questions et faire connaissance! Ces espaces en ligne ne sont pas gérés par RÉZO.

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