Introduction 

Tu te questionnes sur une expérience vécue en lien avec la violence (que tu aies des blessures physiques ou pas? Tu as l’impression que quelque chose ne va pas dans ta relation*? Tu te sens de plus en plus isolé.e? Ton partenaire est extrêmement jaloux ou se montre surprotecteur? Ton partenaire t’a déjà fait des menaces ou du chantage par rapport à ton orientation sexuelle, ton identité de genre ou ton statut sérologique? 

Une réponse positive à l’une de ces questions peut indiquer que tu as vécu ou que tu vis de la violence dans ta relation. 

Si tu es dans une relation qui t’amène à te poser des questions en lien avec la violence…

n’hésite pas à communiquer avec nous et à consulter des ressources adaptées.

RÉZO peut t’aider, que tu aies posé des gestes violents ou que tu en aies subis. Nos services sont gratuits et confidentiels. 

Selon Statistique Canada (2019), plus de la moitié des cas de violence conjugale déclarés à la police concernant les couples de même sexe provenait de couple d’hommes. Plusieurs facteurs portent cependant à croire que ces données peuvent être une sous-représentation de la réalité. Entre autres, les idées préconçues sur la violence, les stéréotypes de genre et la complexité des situations dans lesquelles peuvent se retrouver les hommes contribuent fortement au fait que les hommes qui exercent ou subissent de la violence n’en parlent tout simplement pas. 

Que veut-on dire quand on parle de « violence dans les relations intimes ou amoureuses » (VRIA) ? Il existe différentes définitions, mais tout le monde s’entend pour dire que la VRIA, c’est un enjeu aux répercussions sérieuses.  

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2017) définit la VRIA comme étant « tout comportement qui, dans le cadre d’une relation intime (partenaire ou ex-partenaire), cause un préjudice d’ordre physique, sexuel ou psychologique, notamment les actes d’agression physique, les relations sexuelles forcées, la violence psychologique et tout autre acte de domination ». Cette définition s’applique à différents types de relations intimes ou amoureuses, et ce, peu importe l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des personnes. 

Dans un contexte social où l’hétérosexualité et les relations avec un seul partenaire intime ou amoureux sont les normes dominante, il existe certaines spécificités de la VRIA chez les personnes LGBTQ. Ces variations spécifiquement LGBTQ-phobes peuvent s’observer dans l’emploi d’insultes homophobes, comme « pédé » ou « tapette » pour les hommes gais. La plupart de ces insultes comporte une connotation misogyne, soit un mépris de ce qui est jugé comme féminin chez l’autre. Ces violences peuvent exprimer de l’homophobie, de l’efféminophobie ou du sexisme, par exemple le fait de questionner l’orientation sexuelle du partenaire, ou de dénigrer le partenaire en raison de caractéristiques ou rôles associés au féminin et à la soumission (ex : être pénétré/bottom). Si tu veux en savoir plus sur la VRIA entre hommes, on t’invite à consulter la section de cette page sur les formes et manifestations. Tu trouveras aussi plus bas des informations sur les conséquences de la violence, sur le consentement, et on te propose aussi quelques outils pour en savoir plus

Formes et expression de la violence*

La violence dans les relations intimes ou amoureuses peut se manifester de différentes façons, lesquelles peuvent se regrouper en quatre grandes formes : psychologique, sexuelle, physique, économique. Certaines manifestations sont spécifiques aux relations intimes ou amoureuses entre hommes. 

Ces formes ne sont pas mutuellement exclusives et on peut retrouver plusieurs formes de violence dans un même épisode de violence rapporté. Dans le cadre d’une recherche québécoise portant sur la violence intime ou amoureuse* dans laquelle RÉZO est partenaire, presque tous les participants ont vécu plus d’une forme de violence au cours de leur relation.

Violence physique

Les manifestations les plus fréquentes sont les bousculades, les coups de toutes sortes (coups de poing, claques), les étranglements, et l’obstruction. Notons que bloquer le passage, frapper dans les murs ou claquer les portes, constituent des manifestations de violence physique, tout comme détruire des objets ou de s’en prendre aux animaux. La négligence peut aussi être considérée comme de la violence physique, par exemple dans le cas où une personne ne donnerait pas les soins requis par les conditions de santé de son partenaire. D’autres exemples de maltraitance peuvent inclure le contrôle des médicaments (ex : antirétroviraux d’un partenaire séropositif) ou la prise d’hormones d’un partenaire trans. 

Violence psychologique

La violence psychologique est souvent banalisée. Elle inclut différentes manifestations qui passent notamment par les mots (incluant ceux des langues des signes), la voix… ou le silence!  Elle peut se manifester, par exemple, par du mépris, de l’humiliation, du dénigrement, des menaces, de la manipulation, du contrôle, du harcèlement, ou encore des cris. Une personne peut aller jusqu’à constamment remettre en doute ce que la victime dit ou raconte. 

Contrôler la vie sociale de son partenaire est également de la violence psychologique. Interdire de voir tel ou tel ami, de fréquenter telle organisation, ou encore refuser que le partenaire voit sa famille sont des exemples du contrôle de la vie sociale. La violence psychologique peut également se manifester virtuellement, notamment le fait de fouiller dans le téléphone de son partenaire, de lire ses textos, de voler ses mots de passe, ou encore d’espionner son compte Facebook, Instagram, ou ses conversations. 

L’auteur de la violence psychologique peut créer un climat de peur et de chantage en menaçant de dévoiler sans son consentement des informations privées sur la personne qui vit de la violence. « Si tu ne fais pas ce que je te dis, je vais dire à ton boss, ou à ta famille que tu es gai. » Également, aux menaces de dévoilement concernant le statut sérologique, s’ajoutent tous les types d’insultes à caractère sérophobe de même que les menaces juridiques par rapport au VIH, par exemple : « Je vais dire à la police que tu ne m’as pas dévoilé ton statut avant une relation ». L’invalidation de l’expérience vécue par le partenaire, de son identité ou de son orientation sexuelle sont d’autres exemples de la VRIA, comme ne pas reconnaître l’identité de genre d’une personne trans (mégenrer, utiliser les mauvais prénoms ou pronoms) ou nier l’orientation d’une personne bisexuelle. 

D’autres caractéristiques liées à la personne comme l’état de santé, l’âge, le système de croyances ou encore la culture d’appartenance peuvent aussi êtres sources de leviers de pouvoir pour exercer de la violence psychologique. Par exemple, ridiculiser certaines religions, traditions, les habitudes alimentaires ou la façon de se vêtir, ou même aller jusqu’au point d’empêcher quelqu’un d’exprimer ses croyances, sont des exemples de violences psychologiques. 

Violence sexuelle

Les violences sexuelles ne sont pas toujours reconnues comme telles. Elles incluent le harcèlement verbal (insistance, sexualisation délibérée du partenaire ou tenir des propos inconvenants à son égard), tout comme les actes ou les pratiques sexuelles non désirés, et les agressions sexuelles. 

Les violences sexuelles peuvent se manifester par des menaces ou du chantage, et l’utilisation de la force physique ou l’intoxication forcée 

Rappelons que le consentement est une condition essentielle pour avoir une relation sexuelle sans coercition. Il en va de même pour tout type d’attouchement, comme un baiser, et tout geste sexuel (incluant forcer quelqu’un à regarder des images sexuellement explicites). La violence sexuelle peut aussi se manifester virtuellement, par exemple le fait de partager des photos intimes sans consentement.

Violence économique

La violence économique peut être exercée de différentes façons, notamment : vendre ou donner les biens du partenaire sans son consentement, le voler, lui emprunter de l’argent sans jamais lui rembourser, ou utiliser sa carte de crédit sans son accord. La violence économique inclut aussi le contrôle des revenus du partenaire ou lui demander des comptes à chaque dollar dépensé, ainsi que le vandalisme qui entraîne des coûts pour la réparation ou le remplacement des biens. La violence économique peut aussi se manifester par le dénigrement de l’autre personne en fonction de son revenu. Une différence d’âge relativement importante ou des différences entre les partenaires dans l’accès à l’emploi (lié au statut d’immigration par exemple)  peut venir avec un écart de revenus qui augmente le risque de manipulations à caractère économique (venant autant du partenaire le plus riche que du moins riche).

D’autres formes de violences

La violence spirituelle

Un autre type de violence qu’il est important d’aborder est la violence spirituelle. Possible dans les deux directions, la violence spirituelle peut se manifester à la fois par le fait de forcer son partenaire à pratiquer, ou à se convertir à sa propre religion/spiritualité ou par le fait d’empêcher son partenaire de pratiquer la sienne. Il est également possible que l’agresseur utilise le système de croyances de son partenaire pour le manipuler. Ce type de violence peut facilement s’étendre à tout ce qui touche la culture et les mœurs, sans nécessairement comporter de dimension cultuelle. Le fait, par exemple, de ridiculiser certaines traditions, les habitudes alimentaires ou la façon de se vêtir sont autant de leviers de pouvoir qui s’ancrent dans l’éducation et la culture du partenaire.

Quand on parle d’homosexualité, de bisexualité et de transidentité, il peut être très facile de discréditer la culture de son partenaire. La xénophobie et la peur de la religion de l’autre peuvent facilement s’entremêler avec des a priori concernant les LGBTQphobies. Ces tactiques d’agression jouent fortement sur les sentiments d’inadéquation des personnes qui les subissent, ce qui peut, entre autres, exacerber l’homophobie intériorisée.

La violence sociale

À cette liste des types de violence, on peut ajouter la violence sociale, qui consiste à contrôler la vie sociale de son partenaire : interdiction de voir tel ou tel ami, de fréquenter telle organisation, refus que le partenaire voie sa famille, etc. La violence sociale comprend également l’espionnage du courrier, fouiller dans le téléphone de son partenaire (lire ses textos, voler ses mots de passes, espionner son Facebook, Instagram, ses conversations).

Les spécificités homophobes peuvent consister en l’interdiction de fréquenter des lieux relatifs à la communauté gaie, refus de se tenir la main en public, ou encore obligation à se tenir la main en public.

La maltraitance

Dans le cas où une personne aurait un partenaire avec des besoins particuliers et qui ne répondrait pas à ses besoins, on parlerait de maltraitance. Les exemples les plus simples sont ceux où on voit un partenaire négliger de laver son partenaire à charge, de lui donner ses médicaments ou encore de le nourrir.

La cyberviolence

Enfin, bien qu’elle participe de la plupart des types de violence, glissons un mot sur la cyberviolence qui prend, avec la dépendance de plus en plus grande à Internet et aux réseaux sociaux, une importance toujours plus grande. La spécificité de la cyberviolence est qu’elle constitue avant tout le lieu de la violence, lieu à la fois privé, semi-privé et public, qui peut occasionner une multitude de types de violence. Effectivement, les possibilités sont quasi infinies : harcèlement en ligne (psychologique), shaming public (verbal), sextorsion (menacer de publier des photos ou vidéos intime sur les réseaux sociaux, sexuel), frauder la carte de crédit de son partenaire (économique), espionner le Facebook de son partenaire (social), etc.

L’utilisation des applications de rencontrent comportent également un risque de cyberviolence pour les gens des communauté GBTQ, notamment par la multitude de micro-agressions que l’on y retrouve. Ces micro-agressions visent toute personne relativement différente, à commencer par les hommes “efféminés” (“Masc for masc”), les personnes racisées (racisme, objectification), les personnes trans, et les personnes séropositives. Également, les applications de géolocalisation permettent parfois l’espionnage par un partenaire, voire le harcèlement.

Conséquences de la violence

La VRIA entre deux hommes est un problème social réel entraînant des conséquences néfastes. Dans le cadre d’une recherche québécoise portant sur la violence intime ou amoureuse, financée par le Fonds de Recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC) en partenariat avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, réalisée de 2017 à 2020 et dans laquelle RÉZO a été partenaire, les participants à la recherche ont partagé différentes conséquences qui ont été regroupées en cinq types : psychologiques, physiques, sociales, amoureuses et sexuelles, ainsi qu’économiques. Certaines conséquences sont vécues à court terme, mais plusieurs peuvent persister plus longtemps, voire plusieurs années.

Les conséquences psychologiques de la VRIA peuvent être nombreuses. Sur le plan des émotions, notons la tristesse, la honte, la colère et le stress. La violence peut occasionner une baisse de confiance et d’estime de soi, des problèmes liés à la santé mentale, par exemple des idéations suicidaires, des tentatives de suicide ou des épisodes dépressifs. 

Les conséquences physiques de la VRIA incluent autant les blessures physiques, que divers problèmes de santé, par exemple la perte d’appétit, des maux de tête, ou encore des ITSS. La crainte pour son intégrité et sa sécurité physique sont aussi rapportées et représentent des enjeux aux conséquences sérieuses. 

Sur le plan social, la violence peut entraîner par exemple un changement dans la perception de son réseau social à la suite d’un dévoilement non souhaité (ex : orientation sexuelle). La propagation de rumeurs par le partenaire, la limitation des interactions sociales (ex : isolement) et des contraintes dans l’exercice de son travail peuvent aussi être des conséquences de la violence.

Il existe aussi des conséquences de la VRIA sur les plans amoureux et sexuels, dont la présence de méfiance, voire du refus de nouvelles relations amoureuses ou de certaines pratiques sexuelles. La perte de libido et diverses remises en question, qu’elles soient au sujet de sa valeur comme partenaire amoureux ou sexuel, ou encore de son orientation sexuelle sont d’autres exemples des conséquences de la violence. 

Finalement, il existe également des conséquences économiques à la VRIA. Parmi celles-ci, notons les emprunts, dettes ou dépenses importantes avant ou après la séparation, ainsi que la faillite.

Consentement

Quand on pense au consentement, on pense très souvent au consentement sexuel. Pourtant, le consentement s’applique dans beaucoup d’autres aspects de la relation! On peut consentir, par exemple à ce qu’une autre personne lise ou non ses textos, utilise ou non son téléphone cellulaire, ou encore consentir ou non à un partage des ressources financières via une entente dans la relation. Les différentes ententes d’exclusivité ou de non exclusivité amoureuse ou sexuelle qu’on peut prendre sont également des bons exemples de décisions qui nécessitent un consentement.  On le voit, le consentement, en tout temps, c’est central!

Reste que très souvent, c’est dans le large spectre des manifestations de la violence sexuelle que se trouvent les enjeux liés au consentement. Dans certaines pratiques, comme dans le BDSM… (Pour connaître des outils sur le BDSM, cliquer ici).

Comment s’assurer du consentement de l’autre personne ? De quatre façons. Premièrement, le consentement doit être donné de façon libre (exempt de menace ou de rapport d’autorité). Deuxièmement, le consentement doit être éclairé (par exemple, accepter une relation non protégée sans savoir que l’autre est porteur d’une ITSS contagieuse ne constitue pas un consentement éclairé, puisque la personne ne sait pas « dans quoi elle s’embarque »). Troisièmement, le consentement doit d’être enthousiaste (une personne qui ne réagit pas aux caresses de l’autre, qui ne donne aucun signe de plaisir, ou qui se laisse faire n’est pas une personne qui consent avec enthousiasme). Finalement, le consentement doit être continu (à n’importe quel moment du rapport sexuel, une personne peut retirer son consentement, changer d’idée, ou refuser telle ou telle pratique). 

Quelques outils pour toi

Les vrai ou faux

Cet outil vise à sensibiliser les hommes gais à la violence dans les relations intimes ou amoureuses. Sauf indication contraire, les données présentées proviennent de la recherche menée par Roy et ses collègues.

Les récits

La violence dans les relations intimes ou amoureuses entre hommes est un problème encore méconnu. Inspirés librement des résultats d’une étude québécoise réalisée auprès de 23 hommes qui en ont été victimes, des écrivains ont créé quatre récits de sensibilisation qui sont présentés ici en formats numérique et audio.

Pour consulter ces quatre récits, clique ci-dessous :

Les témoignages

Ces témoignages ont été réalisés à la suite de l’étude Comprendre la violence conjugale dans un contexte de séparation pour mieux intervenir : le cas des couples d’hommes, dont RÉZO était le partenaire communautaire. Nous remercions le Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes pour leur soutien financier ayant permis ces témoignages.

Le témoignage de Carlos


Le témoignage de Denis Martin


Le témoignage d’Étienne

*La recherche Comprendre la violence conjugale dans un contexte de séparation pour mieux intervenir : le cas des couples d’hommes documente une réalité peu connue : la violence entre hommes. Cette étude québécoise, réalisée de 2017 à 2020, s’appuie sur l’expérience de 23 hommes de diverses régions du Québec qui ont vécu de la violence dans une relation intime ou amoureuse, ainsi que de 14 intervenant.e.s de différents organismes et services. Cette recherche a été menée par Valérie Roy (ULaval), avec S. Thibault (UQO), S. Léveillée (UQTR), L. Chamberland (UQAM), S. Genest Dufault (UQAR), G. Tremblay (ULaval) et J.-M. Deslauriers (U. Ottawa) et quatre partenaires de milieux de pratique (RÉZO, à cœur d’homme, Interligne et Regroupement en santé et bien-être des hommes), en collaboration avec plusieurs autres organisations. La recherche a été rendue possible par une subvention du programme Actions concertées du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), en partenariat avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.